Le portage chez les Something

Je dois vous confier un truc, j’adooooooore le portage. C’est un truc de dingue, pour moi le portage nous a apporté autant que l’allaitement. Et je trouve que ça procède de mécanismes assez similaires, au fond. Tout comme l’allaitement, le portage relève de l’instinct et de l’évidence tout autant que de la transmission et de l’apprentissage.

Quand j’y repense, je réalise que j’ai porté très tôt, bien avant d’avoir ma fille. J’avais seize ans, j’étais animatrice de centre aéré et j’avais un enfant dans chaque bras sur le chemin qui mène au bus, au stade, à la piscine municipale. Je ne refusais jamais de serrer contre moi cette petite qui pleurait à chaudes larmes parce qu’elle devait se séparer de sa maman, ce bambin qui s’était écorché le genou, cet autre qui était trop fatigué et excité pour continuer à marcher et avait besoin de se rassurer dans les bras d’un adulte. Je me souviens de ce paréo que je traînais bientôt partout avec moi dans les sorties et que je nouais en pagne sans en connaître la signification pour mettre un petit sur ma hanche et reposer mes bras. De ces enfants qui n’avaient jamais été portes en écharpe mais qui s’accrochaient à ma demande.
De ma petite sœur à qui quelques années plus tard je disait « Croche » pour qu’ elle mette ses jambes autour de mes reins et s’agrippe, que j’ai emmenée contre moi dans toute la ville, nouant parfois une écharpe autour de nous pour tenir la distance. Instinct.

Et puis, des années plus tard, ma fille est née. Le portage était devenu un peu à la mode, j’avais accès à beaucoup de choix, de possibilités, c’était un peu la jungle pour s’y repérer. Je découvrais la notion de portage physiologique, j’apprenais qu’il n’était pas nécessaire de souffrir et de s’épuiser pour vivre l’un contre l’autre. Que je pouvait porter des heures mon enfant né avec la même facilité que je le faisais avec mon enfant à naître. Que son père pourrait lui aussi vivre cette bulle de partage, de sécurité et d’échange. Qu’on pouvait vivre en douceur une transition entre le dedans et le dehors. Évidence.

Normalement si tu cliques tu vas direct dessus. En tout cas c’est l’objectif.

Au passage je vous oriente vers ce sympathique article chez Merveilleux Parents, qui résume un peu le concept du physio, parce que porter c’est bien mais ne pas s’exploser le dos et celui de bébé c’est mieux alors dégagez-moi ce foutu BabyBjorn, c’est le Mal. Et en tapant « portage physio » sur le net on trouve pleinnnnnn de ressources.

[Voix de narrateur, style reportage du 13h de TF1]

« Et là, tout s’enchaîne »

J’ai démarré avec un Boba 4G légué par Isa que j’ai utilisé dès la naissance, avec le réducteur qui permet de mettre bébé en grenouille. Je l’ai utilisé, réutilisé, trimballé partout, tout le temps, à toute heure et dans toutes les tenues. J’ai tenté sans succès l’écharpe en jersey qui n’a pas convenu au Jaguarondi gigoteur – ni à moi, épuisée et ruisselante en plein mois de juin. J’ai fait un peu de Sukkiri en appoint et c’était pas évident pour moi, j’ai mis longtemps à l’apprivoiser. Oma a un jour accepté de tester le préformé, elle qui n’avait connu que l’horrible babybjorn ne voulait plus en entendre parler. Je lui ai promis qu’elle n’aurait plus mal au dos, elle a cédé et elle a été conquise.
J’ai prêté le Boba à la première nounou – qui n’y a jamais touché – et j’ai pris un Manduca pour moi.
J’ai revendu le mei tai Amazonas que je n’aimais pas du tout et j’ai chiné un Ergobaby Cool Air Mesh pour M. Puma qui déréglait toujours le mien. Quand le félin a eu dix mois, on a fait un atelier de portage – enfin ! – lors duquel j’ai découvert l’écharpe en sergé, des tas d’astuces et d’autres moyens de portage. J’ai acquis une jolie écharpe Lana d’occasion dans la foulée. Comme Oma était finalement intéressée pour avoir son propre préformé – ne plus avoir à le régler, ne plus craindre de l’oublier – je lui ai trouvé un Ergobaby Original tout neuf à 25€ sur Vinted – motif camouflage militaire du meilleur goût, ceci explique peut-être cela mais Oma s’en fiche pourvu qu’elle puisse porter tranquille. Le Jaguarondi a changé de nounou et notre Mary Poppins a adopté le Boba sans réserve.

Un très chouette livre, condensé d’expériences et de partage en portage

J’ai rencontré Ingrid van den Peereboom à une conférence et j’ai dévoré « Un petit noeud et puis s’en va ». Dans la foulée j’ai loué un Tonga, un sling Neobulle et un mei tai Evolu’bulle.
Quinze jours plus tard j’ai chiné un sling Storchenwiege et un Tonga arc-en-ciel, je consulte des tas de vidéos pour apprendre de nouvelles astuces. En lisant les témoignages au fil du livre d’Ingrid et Sandrine, je prends progressivement une nouvelle confiance en moi, en mes capacités et mon instinct. J’ose expérimenter, tester, inventer avec mon Jaguarondi, très coopératif pour l’occasion. Je réalise qu’au fond j’ai toujours porté, que j’ai toujours su, que ce n’est pas si compliqué au final. Apprentissage.

Une tentative de volte en sukkiri. C’est pas brillant mais on s’est bien amusées.

Exactement comme l’allaitement. Ce n’est pas inné, ça non. Mais c’est naturel. Le portage existe depuis la nuit des temps, les premiers hommes l’ont pratiqué. Mme Aborigène le pratique. Et pourtant Mme Aborigène n’a ni atelier, ni kiné, ni psychomotricienne qui l’accompagne. Elle n’a pas un diplôme en ingénierie civile et elle a deux mains toutes simples comme moi. Elle a besoin d’un outil, elle l’a vu chez les femmes qui l’entourent et se l’est approprié, le pratique sûrement depuis l’enfance avec les tous-petits de son clan, de sa tribu ou de sa famille. Elle n’a pas de grande théorie dessus et fait juste comme elle le sent avec l’enfant qu’elle a contre elle à ce moment-là.

Je cherche à faire la même chose. Il n’y a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas. Donc ça fonctionne. Moi contente.

Le portage nous est essentiel.

J’ai porté le Jaguarondi dès le retour à la maison, elle n’avait que quelques jours. J’habitais au milieu des champs, pas question d’aller la trimbaler dans une poussette brinquebalante pour marcher avec le chien au milieu des vignes. J’ai découvert que je pouvais la garder contre moi, l’endormir, l’apaiser. Isa m’a dit que je pouvais allaiter en portage. Seule sous les arbres qui bordaient les champs, j’ai appris à régler le Boba, l’ajuster, défaire une bretelle le temps de la mise au sein au début. Huit mois après c’est moi qui ai montré à Julie que oui, dans le Manduca tu peux aussi. Transmission.

Elle n’avait que trois mois lorsque nous avons déménagé. J’étais débordée et ne pouvais pas passer une demi-heure assise sur mon canapé pour chaque tétée. Je la portais toute la journée dans la maison. Entre-temps elle était passée pro et trouvait le sein elle-même. Je la sentais fouisser contre moi, frotter son nez, dégageais un bout de nichon et la laissais gérer sa faim et son sommeil en emballant des livres et des assiettes.

Le porte-bébé était mon seul moyen de l’aider avec les coliques. Son ventre contre mon ventre, au gré de mes déplacements, était massé doucement. Ses genoux repliés, elle adoptait une position antalgique et s’endormait en un quart d’heure.
Porter en physio a été notre planche de salut vis-à-vis du RGO. Verticalisation + massage ventre + chaleur + bascule du bassin = bébé qui n’a plus mal. Cette semaine encore j’ai géré une poussée dentaire avec pic de reflux en dormant assise dans le canapé avec la miss dans un préformé – oui c’est pourri, mais c’est mieux que debout avec un bébé en pleurs.

Ma super écharpe Lana, qui a fait ses premières armes quand le Jag a fait trois dents d’un coup et qu’elle en a été malade comme un chien. Les chaussettes de portage sont de Tyee, c’est du sur-mesure et elles les vendent 20€, n’hésitez pas à me demander pour une commande.

Par-dessus tout c’est un merveilleux moyen de créer du lien, de nouer une relation de complicité, de nous rapprocher. C’est un allié des jours sombres, quand l’une de nous deux est de mauvaise humeur et ne supporte rien, que la maison ne tourne pas bien rond, un peu de portage et on retrouve nos sourires. C’est une sorte de câlin absolu, de symbiose passive que cet enfant qui s’agrippe à nous tout doucement quand il se sent soutenu dans nos bras. La première fois qu’elle s’accroche sans moyen de portage, par réflexe, est un instant assez émouvant, comme le premier bisou. Une heure de portage vaut pour bébé une grande séance de spa avec supplément modelage des coussinets, pour nous un réalignement des shakras avec une pointe de chantilly. On est mieux dans nos baskets, bébé aussi. La communication est plus fluide, plus complice aussi.
Un petit chagrin ? Une pause dans les bras et c’est reparti. Le portage ne sert pas à retenir son enfant, il permet de l’accompagner progressivement dans son émancipation. Le portage nous laissant les mains libres, nous sommes paradoxalement plus disponibles pour elle, ça nous permet de la rassurer au moment où elle en a besoin, elle est plus apaisée.

Avec le temps on s’adapte tous, on passe du ventre au dos, au côté. On invente de nouvelles habitudes, on découvre de nouvelles sensations. Plus l’animal grandit, plus il faut compter sur sa coopération et cela participe de l’évolution – très chouette – de notre relation.

Enfin voilà, on a porté, on porte et on portera encore. On avance tous ensemble, dans les bras les uns des autres et on y prend beaucoup de plaisir. Nous avons une chance infinie de connaître cette proximité rassurante, nous ne l’échangerions pour rien au monde.

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