Mai Saigon, 29 rue de la Krutenau à Strasbourg
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J’ai découvert Mai Saigon en décembre dernier grâce à un ami. « J’ai un copain qui ouvre un resto avec ses parents, il fait une super cuisine vietnamienne, faut que vous goûtiez ça. »
Deux jours plus tard toute la bande de potes était attablée pour découvrir ce coin de Vietnam au cœur de la Krutenau. Comme c’était une galère de faire garder le Jaguarondi à l’époque, nous l’avions emmenée avec nous en croisant les doigts pour que tout se passe bien.
L’avantage des grandes tablées, c’est que tout le monde prend quelque chose de différent et qu’on a un bel aperçu de la carte en simultané. Et comme Jean-Louis nous a proposé une formule à volonté, c’est un joli tour d’horizon que nous avons pu apprécier. Autant dire qu’on en a pris plein les yeux et les papilles. On ajoute l’ambiance super sympa et le côté kids friendly, l’adresse est validée.
On a re-testé : entres amis avec des tous petits, pour la pause déjeuner en semaine et pour un bo bun express. Validé, re-validé et re-re-validé.
À la carte, fraîcheur et simplicité
Mai Saigon propose une carte juste comme on les aime. Simple, concise, un choix raisonnable qui invite à la découverte sans s’éparpiller. Le genre qui tient sur une page et qui invite à la confiance, ici tout est fait maison.

On démarre avec des salades très fraîches, typiquement vietnamiennes : simples, peu d’ingrédients mais de qualité et des légumes très croquants. Je suis tombée raide de la salade de poulet effiloché aux filaments d’agar, beaucoup de saveur et une belle légèreté. Les nems et rouleaux de printemps, toujours faits maison, sont bien équilibrés. On ne parle pas des machins bourratifs et gras aux épices cache-misère qu’on trouve d’habitude. Ici les saveurs sont parfaitement reconnaissables, la fraîcheur au rendez-vous.

Je n’ai pas testé la soupe Pho, mais j’ai écarquillé les yeux en voyant arriver celle de ma voisine : un immense bol de bouillon fumant et parfumé, visiblement un grand succès. Je peux en revanche attester de la maîtrise des grillades et de celle du bo bun. On retrouve tout le charme de cette cuisine vietnamienne familiale et traditionnelle, des plats aux saveurs complexes réalisés à partir d’ingrédients très simples. J’ai découvert avec un plaisir gourmand les nouilles craquantes que je ne connaissais pas du tout, un plat de nouilles frites sautées dans une sauce maison avec du poulet et quelques crevettes, un bonheur.
Impossible de clore cette description sans un mot sur le buffet des desserts. À volonté, tout fait maison, c’est l’occasion de découvrir différentes spécialités régionales. À chaque fois je finis par me compromettre avec les boules coco et la salade de fruits du Nord aux graines de basilic et litchis.

Côté boissons, on aura plaisir à découvrir les bières saigonnaises et le thé vert spécialement ramené du Vietnam, ainsi qu’un grand choix de jus de fruits. Si vous avez du bol, vous pourrez goûter le cocktail maison qui réunit Saigon et Strasbourg dans un heureux mélange.
Une adresse kids friendly
On a toujours un moment d’appréhension quand on emmène notre héritière au resto. Un bébé ça mange rarement avec calme et sérénité avec des couverts en demandant à voix mesurée ce que les convives pensent du dernier film d’Agnès Jaoui.
Autant la présence des nains au restaurant pose très peu de difficultés dans la culture anglo-saxonne, autant les Français ont un peu plus de mal avec ça et on ne sait jamais trop comment on va être reçus. Sans parler de l’équipement, qui vous oblige parfois à choisir entre changer votre môme sur vos genoux pendant que vos amis tentent de se concentrer sur leur dessert ou aller poser un tapis de change sur le sol inégal de toilettes crasseuses.

Ici, rien de tout cela. Chez Mai Saigon il y a des chaises hautes pour les micro-gastronomes, ce que nous avons largement apprécié lorsque nous sommes revenus avec un couple d’amis… et nos mômes. Le patron a lui-même trois enfants et connaît bien sa partie. Nul besoin de vous agenouiller en prière pour qu’on vous réchauffe un petit pot, on vous le propose, à moins que vous ne souhaitiez offrir une petit assiette découverte à l’animal.
Les toilettes sont d’une propreté irréprochable et le siège est équipé d’un réducteur de cuvette pour les petits – une idée géniale, accessoirement. Pas de table à langer – pour l’instant – mais on vous fera une place à l’arrière sur simple demande.
Une ambiance familiale et authentique
Mai Saigon, c’est d’abord une histoire de famille qui a commencé avec Mai Thi Lang. Celle qui est à présent grand-mère a passé une partie de sa jeunesse à parcourir le Vietnam alors en guerre, apprenant les différentes cuisines locales au gré de ses déplacements. C’est ce savoir-faire exceptionnelle qui est l’ADN de Mai Saigon. Et quand on parle d’ADN… Mme Mai est secondée derrière les fourneaux par son mari Le Dac Thang ainsi que sa belle-fille Le Thi Minh Xuan à qui elle transmet son savoir et son expérience. Et au service en salle, vous trouverez son fils Jean-Louis, à qui l’on doit également la communication de l’établissement. Après une jolie carrière d’agent de voyages pour laquelle il a sillonné le Vietnam, il est revenu s’installer auprès de ses parents avec son épouse et leurs trois adorables enfants.
Les Banh Cuon comme si vous y étiez
La dernière fois que j’étais venue, Jean-Louis nous avait fait essayer les Banh Cuon, des galettes de riz farcies au bœuf et aux champignons noirs. Un délice et une surprenante découverte, mais a aiguisé ma curiosité. Quand je goûte quelque chose, j’ai toujours envie de savoir comment c’est fait. En exclusivité, Thirty-Something vous emmène dans le Saint des Saints, les cuisines du Mai Saigon.
Quand j’arrive en cuisine dans un nuage de vapeur, c’est Thi Minh Xuan qui est aux fourneaux. Si vous venez en fin de service, vous aurez peut-être l’occasion d’apercevoir son magnifique sourire, mais pour le moment elle est très concentrée. Sous le regard bienveillant de sa belle-mère, elle verse d’une main experte la pâte à base de farine de riz sur la fine toile d’un tamis exposé à la vapeur. Après avoir méticuleusement détaché la crêpe cuite, elle l’étale sur un plan huilé et ajoute la farce, un mélange de champignons noirs et de porc finement émincés, assaisonnés et sautés. J’observe ensuite le pliage de la crêpe qui rejoint bien vite ses camarades dans un plat où elles attendront sagement le prochain service.
Juste à côté, je repère une immense marmite où des poulets prennent un bain à remous. C’est la base du Pho, minimum trois heures de cuisson si on veut obtenir cet incomparable bouillon reconstituant et parfumé aux vertus quasi miraculeuses.
Entre deux photos, Mai Thi Lang me propose de goûter une galette à base de riz frit et de lait de coco, parsemée d’oignons nouveaux… Je vous ai dit que j’avais englouti un immense Bo Bun juste avant ? Tant pis, je me le pardonnerai plus tard.
Et puis ça me console un peu parce que je vois bien que je n’arriverai pas à les refaire moi-même, les Banh Cuon ! Il me faudra revenir faire un tour au Pays du Sourire, au cœur de la Krutenau.
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