Jusqu’à il y a très peu de temps, je me refusais systématiquement à acheter tout vêtement qui aurait contenu de la laine.
Pas par conviction animaliste, mais plutôt par commodité. Enfant, ma mère me disait toujours : « La laine, ça gratte, ça tient chaud, ça rétrécit et c’est pénible à laver ». Alors quand je voyais un joli petit gilet mélangé mérinos, je passais mon chemin parce que « La laine, ça gratte, ça tient chaud, ça rétrécit et c’est pénible à laver ».
Une légère expérience de la vie et l’emprunt occasionnel de fringues à des copines m’avaient néanmoins appris que la laine ça gratte pas toujours et que ça tient chaud l’hiver, mais juste comme il faut, et que pour le printemps ça peut être très léger.
On m’expliqua également que, si on l’entretient correctement, la laine de qualité ne rétrécissait pas non plus. Aha ! Oui, mais justement ça avait l’air bien compliqué, de l’entretenir correctement. J’imaginais qu’il fallait mobiliser pendant toute une soirée un baquet de flotte froide, des produits rares achetés à la sauvette à un roi mage sur une foire, tordre rituellement le vêtement en direction du Ponant et le sécher en soufflant dessus à jeun.
Très peu pour moi.

Et puis, au détour d’une de mes pérégrinations de grossesse sur la mum-blogosphère, je suis tombée sur l’article de Mamoulia, qui a levé mes dernières appréhensions en me démontrant que non, la laine c’est pas relou à laver. Plus de frein, donc.
Toujours pendant ma grossesse, je mettais la main sur le trousseau de naissance minimaliste de Minuscule Infini, qui privilégie… la laine ! Encore mieux, de la laine et des combos laine et soie, aussi beaux que doux et douillets.
La laine pour un bébé ? Les mêmes petites bêtes qui se tachent tout le temps, bavent et grandissent à toute vitesse ?
Il se trouve que oui, justement. Petite mise au point, donc.

- La laine est thermorégulatrice. Les vêtements vont pouvoir servir pendant les rudes hivers comme durant les soirées d’été quand un petit vent se lève – ou quand le temps n’est pas du tout à la hauteur de nos espérances pour la saison.
- La maille de laine est extensiiiiiiiiiiiible ! Les articles en maille ont l’immense avantage de suivre bébé durant de longs mois avec un rendu nickel. Et quand on commence à acheter des vêtements pour son enfant on comprend vite qu’on est gagnant avec un article qui fera trois tailles.
- La laine est ultra confortable. C’est doux, c’est douillet, ça bouge avec soi.
- C’est esthétiquement bien au-dessus du polyester, il faut bien l’admettre. Le prix aussi, certes, mais j’y reviens.
- C’est beaucoup moins d’entretien que les vêtements en coton. Vu que finalement on le lave rarement et que ça prend que dix minutes, si si je t’assure. En plus ça se repasse pas.
Un point quand même sur le côté entretien. Parce que moi aussi, ça m’a un peu fait gigoter le sourcil de lire que la laine c’est « auto-nettoyant » et que finalement, ça se lave pas. Beurk.
Alors personnellement je ne dirais pas que la laine est auto-nettoyante. Si on saupoudre de la terre dessus elle reste dans les mailles, si on verse un liquide il ne fait pas le tour du vêtement, aucun lutin ne sort de nulle part pour venir frotter chaque fibre une par une. Et quand une nana me dit « Ben t’as déjà vu un mouton prendre une douche, allo quoi !? » je réponds tout de go que Cocotte, si t’avais déjà croisé un mouton à moins de cent mètres derrière une vitre, tu saurais qu’ils ont une vague tendance à poquer du derche.
Mais. J’avoue.
La laine c’est un petit peu imperméable – ça peut être très imperméable mais ça concerne plus les couches lavables, perso je ne lanolinise pas. Aux liquides, aux odeurs. C’est vachement pratique parce que quand tu taches un lainage, ça va rester en surface de la fibre, sécher et qu’en aérant une nuit tu règles la question. Genre pour la transpiration ça marche étonnamment bien. Admettons que la tache soit poussiéreuse, typiquement de la boue, un coup de brosse à vêtements et c’est bon. Oui, la même brosse à vêtements qui était accrochée à un clou dans l’entrée chez Papy, au-dessus du meuble du téléphone. Oui, ça existe encore. Va t’en acheter une, ça remplace très bien le rouleau à scotcher les poils.
Au pire, c’est un truc dégueu genre banane écrasée, ou un truc vraiment sale genre explosion de couche – on parle de bébés, je te rappelle – et dans ce cas soit tu laves la tache avec un peu de savon au fiel, soit il y en a partout et tu te tapes la routine de lavage de Mamoulia et ça te prend donc… 10 minutes.
Et ne viens pas me parler de désinfecter le tissu ou autre. Désinfecter le linge c’est une invention de vendeur de lessive. On parle de gilets, pas d’un bandage sur une plaie ouverte. Alors à moins que ton enfant ait une infection type Ebola, pas besoin de stériliser sa layette. « Oui mais quand il est malade ? » me demandes-tu. Eh bien sois le virus ne survit que quelques heures sur une surface inerte et il te suffit de laisser aérer la liquette, soit il survit plusieurs jours. Dans ce cas tu peux toujours désinfecter son slip, tant que tu n’auras pas fumigé la maison il se recontaminera quand tu le poseras dans l’armoire devant laquelle ton nain vient de passer en respirant, l’inconscient. Moralité, lâche l’affaire, Don Quichotte, il y a des combats plus rentables que la lutte contre les bactéries.

Oui mais la laine c’est super cher, non ?
Alors oui et non.
Déjà si tu vas vers le minimalisme tu fonctionnes avec moins de pièces de vêtements, ce qui t’arrange car ça prend moins de place et tu fais moins de lessives – avec la laine tu n’en fais presque plus si tu as bien suivi. En pratique, tu arrives à éponger les régurgitations avec un lange alors que le coton serait trempé et tu n’as pas besoin d’attendre d’avoir assez pour faire une machine. Pour moi un vêtement en laine en vaut trois en coton.
Ensuite il y a la qualité. Pas la marque, si tu prends des marques chic tu te ruines, laine ou pas. Mais des marques éthiques proposent des pièces en laines de grande qualité à des prix très raisonnables. Contrairement à un body coton de grande surface qui tiendra pile le temps de passer à la taille au-dessus et finira plus large que haut à force de lavages, le body laine n’aura pas bougé, il pourra être revendu 50% de sa valeur – pas 2€ pièce, on se les arrache sur vinted – ou passé à l’enfant suivant, sans tache.
Enfin il y a la taille et ça c’est vraiment magique. Un vêtement en maille peut durer très longtemps et aller très longtemps au même enfant. Quand j’étais enceinte de ma fille, ma mère m’a tricoté un petit pull, un gilet et un béguin. Je les ai mis à partir des trois mois du Jaguarondi en retroussant les manches. Elle a eu un an le mois dernier et ce matin elle est partie chez la nounou avec le gilet sur le dos. Imbattable. Si je compte 3 mois + 6 mois + 9 mois + 12 mois elle vient déjà de traverser 4 tailles – et quatre saisons – avec le même vêtement. Que je n’ai pas eu à racheter. Qui est toujours aussi beau. Que portera le prochain petit félin. Idem pour le pull et je prédis encore au moins 6 mois d’usage au béguin cette année.
Il existe même une ligne de vêtements éthiques que j’aime d’amour, Manymonths de Mamidea. Les fringues sont évolutives, conçues pour faire plusieurs tailles et servir très, très longtemps et on les retrouve en ligne sur des sites français.
Avec tout ça tu dois t’imaginer que j’ai effectivement une garde robe minimaliste de 24 pièces, toutes en laine.
Mon sens aigu de l’éthique m’oblige à t’avouer que non, pas du tout du tout.
Il se trouve que le Jaguarondi a deux grands cousins et que ma sœur a gardé des montagnes de fringues assez cool dans des boîtes à la cave. Chaque visite à Paris est pour moi l’occasion d’un pillage en règle lors duquel je repars avec une valise de plus qu’à l’aller. Je prends à chaque fois le minimum, plus tout ce que je trouve irrésistible, ce qui fait beaucoup trop. Mais je me limite. Si on ajoute les cadeaux et les achats impulsifs de ma mère, c’est une bonne petite garde robe plutôt coton.
J’ai néanmoins parfois à acheter quelques rares pièces en plus et dans ce cas je me tourne beaucoup vers la laine, pour les raisons sus-mentionnées.
Mes coups de coeur

- Les pièces « maison » sont celles que j’affectionne le plus. Maman, tantes, copines… elles ont pris le temps de fabriquer un vêtement pour mon enfant, c’est un cadeau inestimable qui sera un jour transmis à la génération suivante, avec l’histoire qui l’accompagne. Même les plus simples sont très élégantes et on me demande régulièrement d’où elles viennent. Sans compter que, comme expliqué précédemment, ils font en général plusieurs tailles.
- Quelques pièces récupérées chez ma sœur, de marques diverses
- Mes coups de cœur shopping :
- Manymonths : en particulier la combinaison aviateur que j’aime beaucoup. Commencée elle aussi à trois mois, elle devrait durer jusqu’à 18 mois facile. Comme j’en voulais une seconde, j’ai pris la taille au-dessus et je devrais être tranquille quelques années. Elles se passent en express sur n’importe quelle tenue. C’est mon change de secours dans le sac à main, c’est mon ‘il fait un peu froid, je vais la couvrir’ en fin d’aprèm, c’est mon ‘j’ai pas le temps, body-chaussette et la combi, on y va’.
- Cosilana et Engel : Je raffole de leurs T-shirts en laine et soie, super fins et vite enfilés sur le body. J’ai aussi un béguin bébé génial. Comme c’est une maille plus fine ils sont moins extensibles mais le roulage de manches a déjà permis de faire 6/9/12 mois, ça reste bien honorable.
- Disana : J’ai deux pantalons à bretelles que j’ai achetés un peu tôt en occasion. Le Jaguarondi commence juste à les mettre et je leur prédis deux bons hivers à venir + les intersaisons.
Où les trouver :
D’occasion, c’est moins cher, sympa et ça fait tourner l’économie circulaire.
Neuf, sur les sites des marques mais aussi chez quelques revendeurs français bien sympathiques. Je suis personnellement ravie de mes achats chez Porte-Bonheur, certains recommandent également Fool de Wool et je pense tester moi-même bientôt car je lorgne sur la collection FUB.
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